Dans « Capitaine Conan », Bertrand Tavernier oppose l’homme du rang à l’officier, celui qui fait la guerre au plus près des combats, dans la boue des tranchées à celui qui pense la guerre à travers des cartes et des plans de bataille.
Tavernier interroge l’humanité de ces soldats qui gagnent les conflits dans des corps à corps à l’arme blanche. Demeurent-ils toujours des hommes ou deviennent-ils des bêtes ? Qu’advient-il d’eux quand, après n’avoir fait que tuer et avoir été félicité pour cela, on leur demande de stopper les combats et de retourner à une vie pacifique ?
William March, ancien soldat américain revenu des tranchées françaises et devenu écrivain, pose lui aussi cette question dans son roman Compagnie k quand il fait dire à l’un de ses héros, « tout ce que je sais, malgré tout, c’est qu’il devrait y avoir au nom de l’humanité une loi rendant obligatoire l’exécution de tout soldat qui a servi au front et réussi à y échapper à la mort »
Capitaine Conan est un film dur, qui montre sans fard l’inévitable perte d’humanité de ces hommes transformés en êtres sanguinaires par un état major prêt à tout pour la victoire.